Login

Échanges Multiples tensions sur le marché des céréales

L’accord sur le corridor d'exportations en mer Noire prend fin le 18 mars 2023. Les négociations pour son renouvellement sont "très serrées", indique FranceAgriMer.

À quelques jours de la fin de l’accord sur les exportations des céréales en mer Noire, les discussions sur son renouvellement sont toujours en cours, a rappelé FranceAgriMer. Les pays voisins de l’Ukraine alertent quant à eux sur la situation de leurs marchés nationaux.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

D’une « grande importance pour la sécurité alimentaire mondiale », selon le secrétaire général des Nations unies, l’accord sur le corridor maritime en mer Noire prend fin le 18 mars 2023. « Russie comme Ukraine ont chacun un intérêt au renouvellement de l’accord », a souligné Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer, en conférence de presse le 15 mars. Pour le spécialiste, le corridor est « indispensable » pour sortir les céréales et vider les silos de stockage, « notamment à l’approche de la nouvelle récolte ».

Navires bloqués à Istanbul

Les discussions sur sa prolongation, sous l’égide des Nations unies, sont « très serrées », ajoute-t-il. La Russie, qui veut négocier un allègement des sanctions contre elle, a annoncé vouloir renouveler l’accord pour 60 jours. Une échéance jugée « faible » par Marc Zribi, par rapport à la durée que prennent les inspections en vertu de l’accord. « On constate une file d’attente de navires qui sont bloqués à Istanbul à cause du retard des inspections », détaille-t-il.

Pour l’expert, il ne serait pas étonnant de rencontrer le même scénario qu’en octobre dernier, où le précédent renouvellement du corridor avait été annoncé au dernier moment.

Mesures d’urgence pour les pays transfrontaliers de l’Ukraine

La Pologne, la Slovaquie et la République tchèque alertent sur la situation de leur marché local, en raison des importations en provenance de l’Ukraine. Ces volumes ukrainiens, qui transitent dans les pays transfrontaliers, entraînent des problématiques de stockage de la production locale, d’exportation, et aussi de prix sur leur marché national. « Ils arrivent à bas prix, et sont plus compétitifs, explique Clémence Lenoir, chargée d’études économiques sur les grandes cultures chez FranceAgriMer. « La Commission européenne a annoncé qu’elle présenterait des mesures d’urgence de soutien à ces pays au prochain comité de gestion le 30 mars », informe-t-elle.

« Le suivi de ces flux n’est pas évident », renchérit Paul Le Bideau, adjoint au chef de l’unité des grains et du sucre. En France notamment, il pointe la forte hausse des volumes de maïs grain importé de Pologne à sept mois de campagne de 2022-2023. « Peu d’éléments concrets permettent de connaître la part de maïs ukrainien qui transite par la Pologne », explique-t-il.

La Russie, principal fournisseur de blé

« Avec ou sans corridor, la Russie continue à exporter. Plusieurs pays ne s’associent pas aux sanctions prises contre le pays », rappelle Marc Zribi. Après un recul des exportations de céréales russes en première partie de campagne, celles-ci sont « extrêmement dynamiques » sur la deuxième partie, marquant un « fort rattrapage », commente Marc Zribi.

Le potentiel d’exportations de la Russie est évalué à 41 millions de tonnes par UkrAgroConsult, mais d’autres sources dont l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) ou le CIC (Conseil international des céréales) l’estiment entre 43 et 44 millions de tonnes. La Russie est pour l’instant le principal fournisseur de blé sur le marché. En conséquence, les exportations de blé tendre de l’Union européenne en février sont en baisse sur un mois.

La production mondiale de blés (tendre et dur) de 2022-2023 a été rehaussée par l’USDA de 5 millions de tonnes, à 789 millions de tonnes, provenant notamment d’Australie – où une récolte record est attendue à 39 millions de tonnes –, et du Kazakhstan (16,4 millions de tonnes). La hausse des exportations de l’Australie, du Kazakhstan et du Brésil devrait plus que compenser les baisses de celles de l’Argentine et de l’Inde. Les stocks de fin de campagne sont cependant abaissés de 2 millions de tonnes, à 267 millions de tonnes, et les stocks de report seraient « au plus bas depuis 2016-2017 », estime Marc Zribi.

Le Brésil va exporter plus de maïs que les États-Unis

En maïs, l’USDA a confirmé une baisse de la récolte de 3 millions de tonnes au début de mars, par rapport à février. « Ces chiffres sont conservateurs, la récolte en Argentine risquant d’être dégradée à cause de la sécheresse, et d’entraîner une réduction des exportations », juge Marc Zribi. Cette dernière devrait s’établir à 35 millions de tonnes en 2023, contre 49 millions de tonnes en 2022.

Au Brésil, la production de maïs est attendue record à 125 millions de tonnes. « Pour la première fois, les exportations brésiliennes seront supérieures à celles des États-Unis », précise Marc Zribi, à 50 millions de tonnes pour le premier contre 47 millions de tonnes pour le second.

Point d’attention : alors que la Niña s’achève, le phénomène climatique el Niño « pourrait se matérialiser à partir de la fin de 2023, prévient Marc Zribi. Cela pourrait se traduire par des effets inverses à la Niña, avec des précipitations en Amérique latine et une sécheresse en Australie. »

Les cours des céréales retrouvent leur niveau d’avant conflit

En blé tendre, la quasi-totalité des origines ont retrouvé des cours à des niveaux inférieurs au début de 2022. Les cotations baissent aussi pour le blé dur, dont les prix restent toutefois supérieurs à ceux du blé tendre. « Le Canada redevient le principal exportateur de blé dur, rapporte Marc Zribi. On note par ailleurs un doublement de la demande du Maroc. »

Les cours du maïs suivent la même orientation à la baisse. En 2022-2023, l’Union européenne devient le premier acheteur de maïs dans le monde, devant la Chine et le Mexique. « Ses principaux fournisseurs sont les États-Unis, le Brésil et l’Argentine », indique Marc Zribi.

Les cours des orges ont aussi baissé. « On observe une reprise de la demande de la Chine en orge, relève Marc Zribi. L’Union européenne et l’Australie sont les principaux fournisseurs, l’Ukraine cédant du terrain en raison du conflit, et l’Argentine en raison de la sécheresse. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement